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Affichage des articles du 2024

Peut-on perdre son diagnostic d'autisme ?

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  La première conceptualisation de l'autisme infantile est l'œuvre du psychiatre Léo Kanner en 1943. Avant lui, l'autisme était conçu comme faisant partie intégrante du diagnostic de schizophrénie (le syndrome autistique qui décrivait grosso modo un repli sur soi caractéristique de ce qu'on appelle aujourd'hui le syndrome négatif). Kanner reprend donc le terme "autisme" et l'applique à certains enfants qu'il reçoit dans son service. Ces enfants sont en effet caractérisés par un certain repli sur eux-mêmes et de grosses difficultés d'interactions sociales, associées de plus à des comportements restreints et une certaine rigidité cognitive.

Trouble oppositionnel : ce ne sont pas des enfants mal élevés !

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  L’opposition fait partie intégrante du développement de l’enfant et de la structuration de sa personnalité. En effet, dès les premières années de vie, l’enfant s’oppose à ses parents, ce qui lui permet de commencer à acquérir son identité propre : c’est la période qui correspond globalement aux “ terrible two ”, entre 2 et 4 ans. Cette notion grand-public est réductrice : cette période dure rarement 2 ans, elle peut démarrer avant le deuxième anniversaire, et surtout les phénomènes qui s’y passent sont incroyablement divers, hétérogènes, variables à mesure que l’enfant grandit, des interactions avec ses parents, et mille autres influences. De plus, les comportements d’opposition au cours de cette période peuvent recouvrir des origines et des significations diverses : pour se différencier de ses parents, mais aussi pour explorer le monde qui l’entoure, ou pour acquérir les règles et le cadre éducatif. Les comportements agressifs peuvent aussi refléter une angoisse ou un sentiment d’i

La dysorthographie

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  Les troubles du neurodéveloppement sont passionnants à étudier. Ils nous renseignent à la fois sur le développement atypique qui leur est caractéristique, mais aussi en miroir sur le développement typique, concernant la majorité des autres enfants. Le dialogue qui existe entre ces deux dimensions est lui aussi passionnant, car il nous éclaire sur le cheminement des scientifiques pour construire une théorie cohérente du développement normal et atypique.

La dyslexie

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  Le docteur Rudolf Berlin ne vous dit probablement rien. Ophtalmologue de formation, il a longtemps exercé à Stuttgart, en Allemagne, entre 1875 et 1890. Il a mené de nombreux travaux dans ce domaine. Mais s’il nous intéresse aujourd’hui, c’est parce que c’est lui qui a forgé le terme “dyslexie”. C’est à Stuttgart qu’il a rencontré Mr B., un patient de 66 ans qui avait brutalement perdu la faculté de lire un texte : il pouvait commencer à lire les premiers mots de la phrase, mais rapidement cela devenait trop difficile, et il s’arrêtait. C’est en 1887, après l’observation de plusieurs patients similaires, qu’il dénomma cette pathologie “dyslexie”, qu’il rapprochait des aphasies (perte du langage oral). La dyslexie de Berlin était probablement liée à un accident vasculaire cérébral survenu chez ses patients, ou d’autres lésions cérébrales variées. Ce n’est pas le cas de la dyslexie développementale qui nous intéresse aujourd’hui, qui résulte d’un développement atypique du cerveau, sa

La dyscalculie

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  Si le terme dyscalculie, qui signifie littéralement “difficultés à calculer”, a été créé dans les années 1940, ce n’est qu’en 1974 qu’un scientifique Tchécoslovaque, Ladislav Kosc, le définit de manière plus précise et contribue à le populariser. Cependant, la définition de la dyscalculie reste encore floue à l’heure actuelle, et le diagnostic est souvent supplanté dans la littérature scientifique par des termes proches, comme “difficultés arithmétiques”, “difficultés mathématiques”, ou encore “trouble de l’apprentissage des mathématiques”. Ces nombreuses appellations traduisent des délimitations légèrement différentes, et donc probablement des difficultés d’origines et de natures différentes. La notion même de dyscalculie est donc relativement floue à l’heure actuelle. Cela peut s’expliquer par la difficulté à caractériser ce trouble complexe, multifactoriel, ainsi qu’un relatif désintérêt pendant de nombreuses années de la recherche sur ce sujet. Heureusement, cela est en train de

Comment les enfants apprennent ils à compter ?

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  Tous les trois ans, une vaste étude permettant évaluer le niveau des élèves de l’OCDE est publiée : c’est le classement PISA. La dernière évaluation date de décembre 2023, et son constat était sans appel : les maths, c’est difficile ! De nombreux médias ont repris ces résultats qui montraient des difficultés croissantes en France dans cette discipline depuis la dernière étude en 2019, mais aussi par rapport aux autres pays de l’OCDE. L’objectif de cet article n’est pas tant de discuter ces différences dans le temps et interculturelles (nous pourrons y revenir dans un prochain article), mais cela nous donne l’occasion de nous pencher sur les mécanismes cognitifs et cérébraux qui permettent aux jeunes élèves, et même aux bébés, de développer leurs capacités en mathématique, et plus particulièrement en arithmétique.