Que sont devenus les survivants du 11 septembre ?

 

Le 11 septembre 2001, Mr G., un consultant en management, arrive comme chaque matin dans son bureau, au 90ème étage de la tour Nord du World Trade Center, à New York. C’est alors qu’il entend une énorme explosion : un avion vient de percuter la tour, une dizaine d’étages plus bas. En catastrophe, il faut évacuer ! Descendre le plus vite possible les milliers de marches qui le séparent de la terre ferme, quitter cet enfer. Juste avant de s’engouffrer dans la cage d’escalier, une figure, brûlée, cherche de l’aide. Poussé par son instinct de survie, il s’en détourne et quitte la tour peu de temps avant qu’elle ne s’effondre, non sans aider à évacuer une autre personne blessée en la portant sur son dos.

Au lendemain des attentats du World Trade Center, les autorités américaines mirent en place un vaste programme de prise en charge des séquelles psychologiques. Ce programme propose une prise en charge facilitée pour les témoins ou les victimes de ces atrocités, mais aussi plusieurs projets de recherche pour comprendre l’évolution de ces patients au cours du temps.

Ce n’est qu’en 2003 que Mr G. consulta dans ce type de centre. Il a alors cette impression étrange de revivre, sans le vouloir, les souvenirs traumatisants des attentats. En pleine rue ou dans son salon, il est brutalement, sans qu’il puisse le contrôler, plongé à nouveau dans cette terrible matinée ! Plus qu’un souvenir, c’est cette impression de revivre la scène qui est extrêmement douloureux. Ces souvenirs continuent de le hanter la nuit, marquée par des cauchemars incessants. Autant de signes évocateurs d’un état de stress post traumatique (ou PTSD pour l’acronyme anglais).

Le PTSD a été décrit pour la première fois par des psychiatres américains chez des vétérans de la guerre du Vietnam, hantés par les horreurs qu’ils avaient vues sur le champ de bataille. Il apparait pour la première fois dans le DSM 3 (le manuel de référence des diagnostics psychiatriques) en 1980, et peut concerner les militaires comme les civils, victimes d’agression ou de viol. Le symptôme clé du PTSD est alors la reviviscence traumatique, le fait d’être plongé de façon soudaine et incontrôlée dans le souvenir du traumatisme. Ils peuvent prendre la forme de cauchemars la nuit. Le PTSD est alors pensé comme une réponse normale à un évènement anormalement traumatisant.

Cependant, on se rend compte au cours des années suivantes qu’une petite partie seulement des victimes de traumatismes psychiques développent ensuite un PTSD. Ainsi, il ne peut être simplement appréhendé comme une réponse normale face à un évènement extraordinaire : il constitue en soi un trouble psychiatrique.

La définition du PTSD évolue sensiblement au cours des versions ultérieures du DSM. Dans le DSM 4 (publié en 1994), le PTSD est décrit comme un syndrome dynamique et évolutif. Les psychiatres mettent alors en avant les réactions que peuvent engendrer de tels souvenirs traumatiques, en particulier les comportements d’évitement : le patient fuit tout indice pouvant déclencher l’apparition d’une reviviscence. Cela peut aboutir à un isolement important, tant dans la sphère sociale que professionnelle. La définition du DSM 4 intègre aussi l’hypervigilance anxieuse : le patient devient ultra-sensible à toute menace potentielle, et scrute son environnement en permanence dans l’attente d’un danger imminent.

Ces réactions face au souvenir traumatique peuvent varier dans le temps, tout comme l’intensité ou la fréquence des reviviscences. Le diagnostic de PTSD a, depuis le début, une composante temporelle essentielle. Les symptômes doivent évoluer depuis au moins 1 mois depuis le traumatisme : avant, on considère qu’il s’agit d’un état de stress aigu, une réaction plus ou moins physiologique en réaction à un évènement traumatisant. Mais le PTSD peut se déclarer bien plus tard, à l’instar de Mr G. dont nous parlions plus haut.

La cinquième et dernière version du DSM intègre dans la définition du PTSD un syndrome dépressif. L’évolution des critères diagnostiques du PTSD reflète l’avancée des connaissances en traumatologie, mais aussi des différences conceptuelles qui persistent actuellement. Il existe plusieurs autres systèmes de classification des troubles psychiatriques, comme la CIM-10 (et désormais 11ème version), éditée par l’OMS. Ces modifications et différences dans la définition même du trouble peuvent être problématiques. Ainsi, seulement un tiers des patients remplissent les critères diagnostiques du DSM-4, du DSM-5, de la CIM-10 et de la CIM-11 simultanément. Cela nous montre bien, malgré l’intérêt que peuvent avoir ces classifications, leurs limites importantes.

Symptômes du PTSD.


Le PTSD peut être envisagé comme une anomalie de la mémoire du traumatisme. De nombreuses études ont montré que l’hippocampe, une structure cérébrale située au niveau du lobe temporal (juste derrière les oreilles) et essentielle à la formation des souvenirs, était dysfonctionnel chez les individus souffrant de PTSD. Cependant, cela ne semble pas être une conséquence, mais l’une des causes du développement du PTSD. Ainsi, lors d’un évènement traumatisant comme les attentats du World Trade Center, les individus ayant un petit hippocampe semblent plus à risque de développer un PTSD que leurs homologues à l’hippocampe volumineux.

Les études plus récentes ont élargi leur champ de recherche et se concentrent désormais sur un ensemble de circuits cérébraux en rapport avec l’hippocampe, incluant notamment l’amygdale, une région proche de l’hippocampe et codant pour l’intensité émotionnelle d’une situation ou d’un souvenir, et le cortex préfrontal, situé à l’avant de notre cerveau dont il joue le rôle de chef d’orchestre.

L'hippocampe est une structure cérébrale localisée dans les profondeurs du lobe temporal (A et B, en turquoise). Il tient son nom de sa forme spiralée qui le fait ressembler à l'animal marin. Il est essentiel dans la formation de nouveaux souvenirs. Le cortex préfrontal est indiqué en rouge (A).


Il semblerait que dans le PTSD, le dysfonctionnement de ces régions puisse expliquer les reviviscences anxieuses. Les études d’imagerie ont mis en évidence, lorsque ces patients sont à nouveau soumis à leur souvenir traumatique, une hyperactivation de l’amygdale associée à un manque d’action du cortex préfrontal. Ce dernier est normalement capable d’inhiber l’amygdale, pour en contrôler son activité. Ainsi, lorsque le cortex préfrontal est défaillant, il n’est pas capable de limiter l’activité amygdalienne, qui s’embrase ! C’est cette hyperactivité de l’amygdale qui serait à l’origine des reviviscences particulièrement douloureuses pour les patients. Le but de certaines psychothérapies (comme les TCC) consiste à renforcer l’action du cortex préfrontal, à le « remuscler » pour qu’il soit capable de contenir (tant bien que mal) l’incendie amygdalien.

L’origine de ce dysfonctionnement, selon certains chercheurs, serait hormonale. Lors d’une situation traumatisante, deux grandes substances sont sécrétées dans l’organisme : d’une part, le cortisol, dénommée de manière très réductrice comme l’hormone du stress, et d’autre part l’adrénaline. Ces deux substances ont tendance à se contrôler mutuellement : le cortisol peut inhiber la sécrétion d’adrénaline et vice-versa. Le cortisol peut aussi contrôler sa propre sécrétion -ce qu’on appelle un feedback négatif, un mécanisme très commun dans les systèmes biologiques, qui empêche l’emballement de la sécrétion en question.

De nombreuses études mettent en évidence, dans le PTSD, un manque de cortisol associé à un excès d’adrénaline. Le manque de cortisol pourrait être expliqué par un feedback particulièrement puissant chez ces individus. Certains chercheurs pensent d’un tel déséquilibre, lors de l’évènement traumatique, pourrait aboutir à la formation des souvenirs pathologiques. Le cortisol manquant ne pourrait pas freiner la sécrétion massive d’adrénaline lors du traumatisme (ce qui est une réaction adaptée de l’organisme, nécessaire à sa survie), qui endommagerait alors les circuits cérébraux dont nous parlions plus haut.

Chez un individu normal (A), cortisol et adrénaline s'équilibrent lors d'un évènement traumatique; En revanche, chez les individus prédisposés, le feedback du cortisol (flèche rouge) est anormalement puissant, aboutissant à une diminution du taux de cortisol et en réponse une majoration des taux d'adrénaline lors d'un traumatisme, pouvant aboutir à la formation de souvenirs pathologiques.


En accord avec cette théorie, plusieurs équipes de psychiatres tentent de prévenir le développement d’un PTSD en administrant, lors d’un traumatisme, du cortisol ou un bêta-bloquant (un médicament capable de bloquer l’adrénaline), pour ainsi rétablir la balance. Cependant, les résultats de ces études sont contrastés.

Les mécanismes étant globalement similaires lors d’une reviviscence ou d’un rappel du souvenir traumatique, d’autres psychiatres tentent une approche semblable chez les patients ayant un PTSD déjà installé. C’est le cas par exemple de l’équipe française qui suit les victimes des attentats du Bataclan, dont nous parlions dans un précédent article.

Nous l’avons vu plus haut, le PTSD regroupe un ensemble de symptômes dont les reviviscences, les cauchemars traumatiques, l’évitement des indices pouvant le rappeler, l’hypervigilance constante et le syndrome dépressif sont les plus emblématiques. Mais chez certains patients, les manifestations cliniques peuvent être très différentes. Ils peuvent souffrir de formes dites « dissociatives » de PTSD. Les reviviscences ne seront pas alors vécues comme une plongée incontrôlée dans le souvenir traumatique, mais comme une sorte de déconnexion avec leur corps (ou dépersonnalisation, la sensation de ne plus vraiment être dans son corps) ou l’environnement extérieur (ou déréalisation, au cours de laquelle le monde autour de nous semble irréel, comme dans un film).

Le fonctionnement cérébral de ces patients diffère largement des autres victimes de PTSD. Il est en fait à l’opposé de ceux-ci ! Leur cortex préfrontal est hyperactif lorsqu’ils sont confrontés au souvenir traumatique, alors que l’amygdale est elle complètement éteinte. Il en résulte un détachement émotionnel majeur qui, cliniquement, peut prendre la forme d’une dissociation.

Il existe 2 grandes formes de PTSD. D'une part, une forme "classique", caractérisée par les reviviscences et l'hypervigilance notamment, et d'autre part la forme "dissociative", caractérisée par les phénomènes de déréalisation ou de dépersonnalisation. Ces 2 formes reposent sur des bases neuronales opposées.
Edit : stricto-sensu, la structure indiquée comme étant l'amygdale correspond à l'hypophyse, une petite glande située toute proche de l'amygdale.


Ces différences marquantes dans l’expression et les symptômes d’un PTSD mettent particulièrement bien en évidence l’hétérogénéité de ce diagnostic : il n’existe pas un, mais des PTSD ! Le progrès des connaissances dans ce domaine permettra d’affiner de plus en plus le diagnostic, et d’étudier séparément ces différentes formes cliniques qui semblent reposer sur des mécanismes physiopathologiques très différents. Leur compréhension est capitale car ces formes cliniques nécessitent probablement des approches thérapeutiques spécifiques.

Le PTSD peut ainsi être envisagé comme un trouble de la régulation émotionnelle. D’une part, de nombreux patients présentent une régulation émotionnelle déficiente : ils souffrent alors de reviviscences et de cauchemars traumatiques. D’autre part, certains patients souffrent d’un hyper-contrôle émotionnel, qui se manifeste par un détachement pouvant aller jusqu’à la dissociation.

Jusqu’à maintenant, au niveau cérébral, nous avons principalement évoqué les boucles dites fronto-limbiques, un vaste circuit neuronal mettant en lien le cortex préfrontal avec l’amygdale ou l’hippocampe. Mais certains chercheurs tentent d’expliquer les mécanismes cérébraux du PTSD en fonction d’autres circuits cérébraux.

Le réseau exécutif central relie des régions préfrontales (en particulier le cortex préfrontal latéral et le cortex pariétal). Il est particulièrement impliqué dans la plupart des tâches cognitives, mais aussi dans le contrôle des pensées, des émotions et des comportements. Au contraire, le réseau du mode par défaut, qui regroupe le cortex préfrontal médial et d’autres régions pariétales, s’active lorsqu’on est au repos et qu’on laisse nos pensées vagabonder sans but. Ces deux réseaux fonctionnent de façon alternées : lorsque l’un s’active, l’autre s’éteint. Par exemple, la réalisation d’une tâche cognitive (comme lire cet article) nécessitera l’activation du réseau exécutif central et l’extinction du mode par défaut.

Un troisième réseau, dit de la saillance, permet de détecter les stimuli (externes ou internes) particulièrement importants pour notre organisme et qui nécessitent une adaptation comportementale. Ce circuit neuronal, qui regroupe l’insula et le cortex cingulaire, permet aussi d’orienter le fonctionnement cérébral global entre le réseau exécutif central et le mode par défaut.

On peut envisager le PTSD comme une partie de tennis entre 2 grands réseaux cérébraux : celui du mode par défaut (activé dans les processus d'introspection par exemple) et le réseau exécutif central (activé dans le contrôle des émotions, pensées ou comportements), arbitré par le réseau de saillance, qui détecte les stimuli pertinent pour l'individu.


On peut relier différents symptômes du PTSD aux dysfonctionnements de ces trois grands réseaux, comme l’hypervigilance (pour le réseau de la saillance) ou les divers troubles cognitifs (pour le réseau exécutif central). L’insula est par ailleurs une région particulièrement intéressante dans le PTSD : en effet, outre sa participation dans le réseau de la saillance, elle représente une différence marquée entre les différentes formes cliniques de PTSD : elle est hyperactive dans les formes « classique », mais inhibée dans les formes dissociatives.

Après les attentats du World Trade Center, un suivi psychiatrique régulier chez les survivants qui le souhaitaient permit de détecter la survenue de PTSD. Les études se basant sur ce suivi sont très intéressantes. Elles montrent un effet géographique sur la survenue du PTSD : ainsi, les personnes vivant au plus près des tours jumelles (les points de référence de ces études étant la 110ème rue et la 14ème rue) étaient plus à risque d’en développer un dans les mois ou années qui suivirent, probablement car ils avaient été globalement plus exposés aux évènements traumatiques. Les populations immigrées (certaines études portant sur la communauté chinoise new-yorkaise) et les femmes étaient aussi plus à risque de PTSD. Cependant, l’effet du sexe peut être différent en fonction des populations étudiées : par exemple, il n’était pas retrouvé dans la communauté asiatique. Le risque supplémentaire des populations immigrées peut aussi être compliquée à interpréter correctement : il s’agit de personne globalement plus vulnérables, en particulier sur le plan social, qui consultent moins et sont globalement moins bien pris en charge –typiquement en psychiatrie, du fait d’une barrière de la langue. C’est par exemple le cas de Mr B., un immigré espagnol de 40 ans qui participa au nettoyage de l’amiante sur le site de Ground Zero, jusqu’à ce que l’échafaudage sur lequel il travaillait s’écroule brutalement sous lui en novembre 2001. Il fut très traumatisé, mais reçut une prise en charge psychologique uniquement lorsqu’il fut pris en charge par le programme de suivi, où des psychologues et psychiatre de langue espagnole étaient disponibles –il ne parlait pas un mot d’anglais.

Le lieu d'habitation représentait un facteur de risque de PTSD lors des attentats du World Trade Center; Il était plus élevé chez les personnes vivant au sud de la 110ème rue, et encore plus élevé au sud de la 4ème rue (traits rouges).


Le programme de suivi mis à place a malheureusement connu quelques ratés. En effet, du fait des règles contraignantes américaines, l’accès à certains traitements n’a pas pu être possible. Aujourd’hui, le PTSD se traite le plus souvent en associant une psychothérapie, dont les TCC, l’EMDR ou les thérapies d’exposition sont les mieux validées, à un traitement pharmacologique, le plus souvent un antidépresseur. Beaucoup de survivants du 11 septembre ont pu avoir une psychothérapie, mais peu ont pu bénéficier d’un traitement pharmacologique, ce qui constitue une perte de chance pour beaucoup d’entre eux.

La plupart des psychothérapies reposent sur une confrontation contrôlée aux souvenirs traumatiques, pour apprendre à les inhiber. En gros, muscler son cortex préfrontal pour qu’il agisse plus efficacement sur les régions émotionnelles du cerveau. Ce type de thérapie est efficace, mais il ne s’attaque pas directement au souvenir traumatique, qui reste présent. Il ne tue pas le chien enragé, mais lui met une muselière –ce qui est déjà pas mal !

D’autres types de thérapies, dont l’efficacité est encore en cours d’exploration ou débattue, tentent d’aller plus loin en modifiant la nature même du souvenir traumatique. Comme nous l’avons dit plus haut, le PTSD est un trouble de la mémoire : le souvenir du traumatisme est encodé de manière trop intense, si bien qu’il revient de façon incontrôlée et trop intense à la conscience par la suite. Mais lorsque ce souvenir revient en mémoire, il devient, pendant un cours moment, malléable.

L’EMDR est une thérapie du PTSD qui s’appuie justement sur cette malléabilité du souvenir lors de son rappel. Son mécanisme d’action n’est pas clairement élucidé, et son efficacité reste débattue. Mais en théorie, le but de l’EMDR est de rappeler le souvenir à la conscience du patient, tout en atténuant la charge émotionnelle qui lui est associée grâce à la réalisation de mouvements oculaires réguliers (EMDR signifie Eye Mouvment Desensitization and Reprocessing). Ainsi, le souvenir rappelé sera de nouveau encodé, à la fin de la séance, avec une charge émotionnelle (et donc traumatique) moindre.

D’autres prises en charge, associant une psychothérapie et la prise de bêta-bloquant, tentent elles aussi de modifier les souvenirs traumatiques. Ces approches sont à l’étude, en particulier sur une cohorte de survivants des attentats du Bataclan. Nous en parlions dans un article de blogprécédent.

En théorie, la prise en charge d’un PTSD est pensée pour être assez brève, de l’ordre de quelques mois. Cependant, en pratique, ces prises en charge sont beaucoup plus longues, et s’étalent le plus souvent sur plusieurs années.

Il faut aussi bien avoir en tête que le PTSD n’est pas le seul trouble psychiatrique post-traumatique ! Si on parle essentiellement de lui quand on fait référence aux attentats du 11 septembre ou du Bataclan par exemple, les victimes peuvent développer de nombreux autres troubles, plus ou moins indépendamment du PTSD, comme une dépression, un trouble anxieux ou une phobie. C’est le cas par exemple de Mr W., un homme de 45 ans qui s’était porté volontaire pour la recherche des corps dans les décombres du World Trade Center. Par la suite, il souffrit pendant de nombreuses années de dépression et fut pris en charge par le programme de suivi.

Les répercussions psychologiques du traumatisme peuvent aussi prendre la forme de troubles dits somatoformes ou d’un trouble conversif –ce qu’on appelait auparavant l’hystérie, et qui grossièrement exprime une souffrance psychique au travers de symptômes physiques, en particulier neurologiques. Il faut cependant rester très prudent avec ce diagnostic, comme le rappelle l’histoire de Mr B., un homme de 42 ans présent dans le hall de la Tour Nord lorsque l’avion la percuta. Il fut très traumatisé par l’attentat, et développa une grande culpabilité par la suite malgré un comportement héroïque. En effet, il avait aidé à l’évacuation d’une jeune femme en la portant sur son dos, mais ne l’avait pas aidé à trouver son frère dans la tour en feu. Dans les semaines qui suivirent, il commença à se plaindre de curieux symptômes, comme une paralysie du côté gauche, des difficultés à parler ou des troubles de la vision, qui fluctuaient dans le temps et disparaissaient après quelques jours. Un trouble conversif fut évoqué, jusqu’à ce qu’il soit pris en charge en 2004 par les équipes de psychiatres du programme de soutien, qui poussèrent plus loin les examens neurologiques et qui découvrirent que cet homme était en réalité atteint d’une sclérose en plaque !

De nombreux troubles psychiatriques se surajoutent au PTSD. C’est le cas par exemple de la dépression, et encore plus d’addictions –alcool, drogues, jeux… Il est capital de savoir détecter ces troubles car ils requièrent des prises ne charges spécifiques qui ne sont pas exactement les même que pour le PTSD.

Un tel traumatisme peut aussi faire décompenser des individus présentant une certaine fragilité, et ainsi révéler un trouble psychiatrique latent, comme un trouble bipolaire –qui se caractérise par une instabilité de l’humeur, qui peut varier du très bas (la dépression) au très haut (la manie). Un individu fortement prédisposé peut avoir les ressources psychiques pour compenser son trouble pendant un temps, mais un évènement aussi traumatique qu’un attentat peut dépasser ses capacités d’adaptation, et révéler ainsi le trouble.

Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes vivent avec des séquelles physiques et psychologiques des attentats du World Trade Center, qui leur rappellent quotidiennement le traumatisme. Ces personnes nécessitent des soins au long court qui permettront de diminuer l’intensité des symptômes afin qu’ils aient le minimum d’impact dans leur fonctionnement psychique et leur vie au jour le jour.

 

SOURCES :

- Auxemery, Yann. "Post-traumatic psychiatric disorders: PTSD is not the only diagnosis." La Presse Médicale 47.5 (2018): 423-430.

- Katz, Craig L., et al. "Open Forum: A Mental Health Program for Ground Zero Rescue and Recovery Workers: Cases and Observations." Psychiatric Services 57.9 (2006): 1335-1338.

- Ellick, Joy Dara, and Cheryl M. Paradis. "The effects of the September 11 World Trade Center attack on a man with a preexisting mental illness." Psychiatric Services55.11 (2004): 1313-1314.

- Ozbay, Fatih, et al. "The enduring mental health impact of the September 11th terrorist attacks: challenges and lessons learned." Psychiatric Clinics 36.3 (2013): 417-429.

- Yehuda, Rachel, et al. "Post-traumatic stress disorder." Nature Reviews Disease Primers 1.1 (2015): 1-22.

- Hamwey, Meghan K., et al. "Post-traumatic stress disorder among survivors of the September 11, 2001 world trade center attacks: a review of the literature." International journal of environmental research and public health 17.12 (2020): 4344.

CREDITS PHOTOS :

- Image par David Mark de Pixabay 

- https://www.lavoixdunord.fr/43554/article/2016-09-11/attentats-du-11-septembre-new-york-traumatisee-jamais-videos

- - https://www.numerama.com/wp-content/uploads/2019/09/11-septembre.jpg

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- https://www.orangesmile.com/guide-touristique/manhattan/cartes.htm

- https://www.europe1.fr/international/quinze-ans-apres-le-11-septembre-funerailles-dun-pompier-pres-de-new-york-2775719