Dans la tête d'un Papa
Longtemps boudée par la science, l’étude des mécanismes
biologiques de la paternité se développe de plus en plus ces
dernières années. Ces processus neuronaux, hormonaux,
psychologiques et comportementaux, ne peuvent pas être considérés
comme un simple comportement maternel masculinisé. Alors que la mère
développe un lien unique avec son bébé lors de la grossesse et de
l’allaitement, la relation d’un père avec son enfant doit
nécessairement s’inventer différemment. Elle débute dès la
gestation et après la naissance, et repose fortement sur les
interactions, les contacts et les soins avec lui.
Que se passe-t-il
dans la tête d’un (nouveau) papa ? Comment expliquer les
comportements (instinctifs ?) qui se mettent progressivement en
place ? Comment peut-on étudier ces comportements et les
mécanismes biologiques qui les sous-tendent ?
Les oiseaux sont des Papa-poules
Les soins parentaux,
au travers du règne animal, peuvent prendre de multiples formes, et
évoluent avec la croissance du petit. Certaines espèces ne sont pas
vraiment enclins à chouchouter leur bout de chou. C’est le cas par
exemple de certaines guêpes et de manière générale, de la plupart
des insectes. Et cette absence de fibre parentale (maternelle… et
paternelle!) est tout à fait rationnelle : devant l'incapacité des parents à défendre leurs petits des prédateurs
(pensez à la pauvre mouche qui vole dans votre salon et qui devra
prochainement affronter votre chaussure), Mère Nature a sélectionné
une stratégie autrement plus efficace : avoir la plus grande
descendance possible, pour qu’au moins un puisse survivre et se
reproduire !
Les espèces qui
auront une descendance plus restreinte auront donc tendance à être
bien plus protecteur envers leurs petits (même si ce n’est pas une
règle absolue). C’est le cas par exemple de certaines espèces de
poissons dont les Papas sont très impliqués dans l’éducation de
leurs enfants (eux au moins savent froncer les sourcils). Ainsi,
l’épinoche à 3 épines construit un nid douillet où la femelle
pourra pondre ses œufs, et veillera sur ces derniers après la
ponte. L’hippocampe va encore plus loin : c’est lui qui
assure la gestation des petits !
Mais les champions
dans ce domaine sont sans doute les oiseaux. Les Papas manchots sont
d’un courage exemplaire lors de la couve de leur petit au cours du
terrible hiver austral. Les parents flamands-roses couvent leur
unique œuf à tour de rôle et assurent à deux l’alimentation de
leur petit, une fois né. Enfin, les Papas émeus s’occupent seuls
de leurs petits, parfois aidés par d’autres mâles ! Ils
déploient leurs ailes pour protéger leur progéniture du soleil
écrasant. Le constat est sans appel, les oiseaux sont des
super-papas. Au contraire des mammifères, qui se révèlent être
des pères bien paresseux !
En effet, les
investissements paternels ne seraient retrouvés que chez 5 %
des espèces de mammifères. Et c’est même de tragiques exemples
qui viennent spontanément en tête : par exemple, les lions
sont connus pour ne pas s’occuper de leurs petits, voire pire !
Ils seraient capables de tuer les petits mâles dont ils ne seraient
pas le père, pour favoriser sa propre lignée !
Cette absence du
père mammifère peut s’expliquer de différentes façons. Le coût
nécessaire à la prise en charge des petits peut être élevé, ce
qui est d’autant plus regrettable que cela limite les ressources
allouées à d’autres activités, comme la reproduction. Cet effort
est d’autant plus difficile qu’il n’est parfois pas
nécessaire : après tout, la femelle gère plutôt bien la
grossesse puis l’allaitement seule… C’est d’ailleurs l’une des explications des différences si importantes entre mammifères et
oiseaux : chez ces derniers, la gestation externe (dans un œuf)
permet une implication bien plus précoce et importante du père, et
l’implication dans les soins sont bien moins asymétriques que chez
les mammifères !
Cependant, les Papas
de plusieurs espèces mammifères (dont l’Homme) s’investissent
substantiellement dans le développement de leurs enfants, permettant
d’augmenter leur taux de survie. Pour le mâle, cela peut aussi lui
permettre un meilleur accès aux femelles (en stabilisant les
systèmes monogames) lorsqu’elles se font rares. De plus, ces
comportements parentaux ne doivent pas être réduits aux simples
interactions directes avec leur petit : construire un nid,
ramener de la nourriture, protéger des prédateurs ou de
l’environnement, c’est déjà des soins paternels !
Même le lion, dont
nous parlions plus haut se révèle plus proche de ses enfants que
l’on pourrait le croire. Les cas d’infanticides sont peu
fréquents, et si l’investissement ne passe pas par des soins
directs, les pères sont très importants dans le développement
psychomoteur et social de leur progéniture, en particulier grâce
aux jeux. Ces derniers sont un levier majeur de développement
cérébral car ils permettent de « répéter » des scènes
de chasse ou de conflit « pour de faux », permettant
d’apprendre les bons réflexes pour les situations réelles.
L’étude du
comportement paternel chez les animaux, et des structures cérébrales
qui en sont responsables, sont précieuses. Elles ont mis en évidence
une structure clé dans la mise en place et le maintient de ces
comportements : l’aire pré-optique médiale du thalamus (mais
nous l’appellerons plus simplement MPOA). Les soins paternels ne
pourront se mettre ne place uniquement si ce noyau cérébral est
intact. Cette activité semble aussi stimulée par les vocalisations
des femelles souris (sans doute doivent-elles engueuler leur
congénère qui n’en branle pas une, comme chez les humains).
De la même manière
que chez la mère, ce petit noyau cérébral est connecté à de
nombreuses autres structures impliquées dans le comportement
paternel, qu’il va réguler. Il est connecté par exemple à
l’amygdale, permettant d’inhiber les autres interactions sociales
parasites : aux yeux des parents, il n’existe que Bébé !
Le MPOA est connecté à d’autres structures profondes, comme
l’aire péri-aqueducale ou tegmentale ventrale, ainsi que le
striatum, permettant de stimuler les comportements d’approche
envers l’enfant (via les circuits dopaminergiques notamment, en
particulier le fameux circuit de la récompense).
Cerveau de souris en coupe permettant de localiser l'amygdale, l'hippocampe, le striatum et le tronc cérébral où sont localisées l'aire tegmentale ventrale et l'aire péri-acqueducale. |
Tout ce « réseau
paternel animal » est très similaire au circuit maternel.
Cependant, sa régulation est bien différente : il est moins
sensible aux changements hormonaux (liés à la grossesse,
l’accouchement puis l’allaitement chez la mère) et se montre
plus sensible aux interactions physiques avec l’enfant. Le
renforcement de ce réseau paternel par les comportement qu’il
induit permet la mise en place d’un cercle vertueux dans un système
d’interactions réciproques top-down et bottom-up.
Ces modifications
cérébrales sont permises par une neurogénèse ainsi qu’une
plasticité synaptique plus importantes au cours de la paternité,
notamment au niveau de l’hippocampe. On observe chez les pères une
amélioration de la mémoire (en particulier spatiale). Chez les
animaux, cette neurogénèse se retrouve aussi au niveau des bulbes
olfactifs, permettant aux papas d’être plus performants dans la
reconnaissance de leurs petits.
Ces modèles animaux
sont précieux dans nos études du comportement paternel, et leur
fidélité permet un certain nombre d’extrapolations à l’homme.
Plusieurs études d’imagerie chez l'homme ont mis en évidence le développement
de structures cérébrales profondes similaires à celles objectivées
chez l’animal, comme l’amygdale, le thalamus et le circuit de la
récompense. En plus de cela, un réseau cortical plus global
incluant l’insula, les lobes frontaux, pariétaux et temporaux
ainsi que le cingulum se développerait et permettait la mise en
place d’un comportement paternel. Ce circuit cortical permettait
une influence dite « top-down » sur les structures
sous-corticales plus archaïques partagées avec les modèles
animaux.
Cerveau humain. Lobe frontal (bleu), temporal (vert), pariétal (jaune) et occipital (rouge). L'insula se trouve en profondeur, entre le lobe frontal et le lobe temporal. |
Le cerveau du Papa
se modifie dès la naissance de l’enfant. Au cours des tout
premiers mois de vie du bébé, une étude a mis en évidence des
changements cérébraux significatifs chez le Papa. Certaines régions
du cerveau étaient plus grosses. C’était le cas par exemple des
structures sous-corticales dont nous parlions plus haut (amygdale,
thalamus) et qui permettent de favoriser l’attachement du père à
son fils, en partie via le système de récompense. Le cortex
pré-frontal, impliqué dans l’initiation des comportements
paternels, augmentait aussi le volume, tout comme certaines aires
temporales impliquées dans l’intégration des informations
sensorielles et sociales (et il y en a beaucoup, à ce moment là!).
Certaines régions
au contraire semblaient curieusement devenir plus petites, comme le
cortex orbito-frontal par exemple. Il est surprenant que cette région
s’atrophie chez les Papas « normaux » car un tel
phénomène est impliqué, chez la mère, dans des comportements
maternels délétères voire agressifs. D’autres régions comme
l’insula diminuaient elles aussi de volume au cours des premiers
mois d’interactions avec le bébé.
Vue médiane d'un cerveau humain. La première cible correspond au cingulum. La deuxième correspond au cortex orbito-frontal. |
On peut trouver
plusieurs explications à cela. Concernant le cortex orbito-frontal
et les comportements intrusifs qui y sont rattachés, il faut bien se
rappeler que les interactions père-bébé ne sont pas le pendant
masculin du lien mère-bébé. Ainsi, un comportement parental
« intrusif » n’est pas identique chez le père et chez
la mère. Certaines études montrent que le mode d’interaction d’un
père avec son enfant se base, au contraire de la Maman, sur des
interactions stimulantes (comme le jeu) plus que sur des interactions
affectives. Ces stimulations sont bien corrélées avec les niveau
d’ocytocine (une hormone particulièrement impliquée dans
l’attachement d’un parent avec son enfant). Il apparaît donc que
cette diminution de volume du cortex orbito-frontal, qui favorise un
comportement paternel stimulant, est bénéfique pour les
interactions avec son enfant.
Mais il faut rester
prudent dans les conclusions que l’ont tire de ces observations.
Les diminutions de volume de l’insula et du cortex orbito-frontal
peuvent aussi être en lien avec une diminution de l’anxiété de
fond du Papa au cours des premiers mois de vie, au fur et à mesure
qu’il devient plus à l’aise avec son enfant et sa nouvelle
paternité. Avoir son premier enfant est un bouleversement
psychologique, qui peut être à l’origine d’une anxiété
importante et de profondes remises en questions. Dans quelle mesure
les changements que l’on observe dans le cerveau d’un Papa
sont-ils liés à la nouvelle paternité ou dans la gestion
émotionnelle de ce moment si particulier ?
En 2014, une
brillante étude s’est penchée sur le fonctionnement du cerveau
paternel et maternel. Des chercheurs israéliens ont mesuré chez des
couples venant d’avoir leur premier enfant (âgé au moment de
l’étude d’environ 1 an) la qualité des interactions
parents-enfants, les niveaux sanguins d’ocytocine et le
fonctionnement cérébral grâce à une IRM fonctionnelle (qui permet
de visualiser l’activation cérébrale).
Ils ont mis en
évidence, chez le père comme chez la mère, une activation de
plusieurs régions sous-corticales (comprenant entre autres
l’amygdale), correspondant à un système de régulation
émotionnelle impliqué dans les phénomènes d’attention envers
son enfant et de bien-être lors des soins (via le système de
récompense). De plus, il existait une activation commune d’autres
régions, corticales cette fois, faisant partie du « cerveau
social » et impliqué dans des processus socio-cognitifs
(c’est-à-dire dans le décryptage des perception sociales).
Ils ont mis en
évidence que ces activations, bien qu’elles soient communes au
deux parents, diffèrent en fonction du sexe. Ainsi, les régions
émotionnelles (et en particulier l’amygdale) sont plus fortement
activées chez la mère, alors que les régions cognitives (dont le
sillon temporal supérieur, ou STS) sont plus activées chez le père.
Au niveau comportemental, la qualité des interactions père-bébé
étaient proportionnelles au niveau d’activation du STS, alors que
chez la mère, elle était corrélée avec le niveau d’activation
de l’amygdale. Au niveau hormonal, on observait une corrélation
similaire entre les niveaux d’ocytocine dans le sang et ces
activations cérébrales spécifiques.
Pour résumer, le
« cerveau parental » est constitué de deux grands
systèmes. D’une part, un système émotionnel, plutôt maternel,
et dont la structure principale dans le cerveau est l’amygdale.
D’autre part, un système socio-cognitif plutôt favorisé chez les
papas et dont le chef de file est le STS.
Ces observations
correspondent très bien aux différences comportementales entre
pères et mères. Ces dernières interagissent avec leur enfant
principalement via des contacts affectifs, alors que les père le
font par des stimulations comme le jeu. Là où le comportement
maternel trouve son origine dans un cerveau modelé en amont par les
bouleversements hormonaux de la grossesse, de l’accouchement puis de
l’allaitement, le cheminement paternel suit un chemin différent :
c’est le contact quotidien avec son enfant qui va modeler les
réactions hormonales et cérébrales du père. Chez la femme, le
rôle central est détenu par l’ocytocine, qui va non seulement
déclencher les contractions utérines (et donc l’accouchement)
puis l’allaitement, mais va en plus stimuler et initier les
comportements maternels en modelant les systèmes émotionnels
inconscients. Chez l’homme, ce bouleversement est au contraire
modulé par l’apprentissage au quotidien des interactions avec son
enfant, mettant en jeu les structures corticales du cerveau social.
Quid des pères homosexuels ?
L’étude dont nous
parlons n’incluaient pas seulement des couples hétérosexuels,
mais aussi des couples homosexuels hommes qui accueillaient leur
premier enfant. Ce troisième groupe est fondamental car il permet de
s’affranchir d’un biais majeur (en plus d’aboutir à une
formidable conclusion, nous y reviendrons). En effet, il est commun
en occident que la mère soit le « 1er parent »,
celui qui est le plus proche de l’enfant au quotidien, et le père
relégué « en deuxième position ». Ainsi, rien ne nous
dit que les résultats précédent ne dépendent pas de la « position
parentale » plutôt que du sexe !
Chez les « 1ers
parents » homosexuels, il existait une activité augmentée à
la fois de l’amygdale (et du réseau émotionnel associé) et du
STS (avec le reste du cerveau social), avec une connectivité
neuronale accrue entre ces deux systèmes. Et c’est peut être la
plus belle conclusion de toutes ces études : lorsque la
situation l’exige, le cerveau et ses deux systèmes parentaux
savent s’adapter pour procurer au bébé des soins optimaux !
Ou, pour reprendre l’éditorial accompagnant l’étude :
« the brain is flexible enough to keep up with the times ».
Ces données nous
permettent en plus de conclure sur différents phénomènes. Ainsi,
l’hyperactivité amygdalienne ne semble pas dépendante du sexe, car
on la retrouve à la fois chez les mères et chez les hommes
homosexuels. En revanche, elle semble dépendante de la position
parentale : dans les deux cas, il s’agit du 1er
parent ! Au contraire, le profil d’activation du STS et du
cerveau social semble plus spécifique des hommes, dans la mesure où
il est identique chez les hétéro et chez les homosexuels.
Il faut bien
préciser ici que ces deux systèmes (STS et amygdale) ne sont pas
spécifiques de la position parentale et du sexe. Les deux systèmes
s’activent quelque soit le sexe ou la position parentale. Mais
cette activation est plus intense en moyenne chez l’homme, la
femme, le premier ou deuxième parent.
En plus d’analyser
les profils d’activation cérébrale, les chercheurs israéliens
ont analysé la connectivité fonctionnelle du cerveau (ou avec
quelle facilité les différentes régions cérébrales se parlent
entre elles). Ils ont montré que cette connectivité était plus
importante chez les pères homosexuels, en particulier entre
l’amygdale et le STS (ces derniers travaillant ensemble dans
l’analyse des informations sociales). Mais encore une fois, ne
concluons pas trop précipitamment à un effet spécifique : en
analysant l’ensemble des pères, ils ont mis en évidence que cette
connectivité était proportionnelle au temps passé avec son
enfant : plus un père passe du temps avec son enfant, meilleure
sera sa connectivité. La différence observée entre père homo ou
hétérosexuel s’expliquerai simplement par le fait que ces
derniers sont en « deuxième position » alors que les pères
homosexuels étaient en première.
Ainsi donc, le
cerveau parental semble largement partagé dans le règne animal. Il
est particulièrement bien développé chez l’Homme, et ses
éléments sont commun qu’importe le sexe, le genre ou
l’orientation sexuelle. Le comportement maternel s’appuie
principalement sur des structures cérébrales anciennes traitant les
émotions, modelées par les vagues hormonales de la grossesse et de
l’allaitement. Le comportement paternel repose lui sur un système
cortical traitant les informations sociales, qui se développe
progressivement au contact du bébé. Le cerveau d’un père
homosexuel présente un tableau hybride avec une connectivité accrue
entre ces deux réseaux.
Dans quelques
semaines je deviendrais papa pour la première fois. Et, je dois bien
l’admettre, toutes ces connaissances ne me rassurent que
partiellement ! Toutes ces données sont bien éloignées du
mélange d’émerveillement et d’angoisse de l’annonce de la
grossesse, de la profonde remise en question qu’elle inspire, de
toutes les interrogations qui nous traversent l’esprit et du
tourbillon émotionnel dans lequel on est prit !
SOURCES :
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Feldman,
Ruth, Katharina Braun, and Frances A. Champagne. "The neural
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(2019): 205-224.
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