Les personnes avec autisme ne voient elle que les détails ?
En 1924, un jeune médecin prussien, Léo Kanner, émigre vers les Etats-Unis. Il exerce quelques années dans un hôpital du Dakota du Sud, avant de se tourner vers sa première passion, la psychiatrie. Il est muté peu après dans un service de pédiatrie de Baltimore, qui deviendra, sous son impulsion, le premier service de pédopsychiatrie au monde. En 1935, il publie « Child psychiatry », qui sera un monument de la pédopsychiatrie naissante.
A partir de 1938, une dizaine de patients attire plus particulièrement son attention. Leur trouble mental n’est pas clairement identifié. Kanner remarque qu’ils éprouvent de grandes difficultés dans les relations sociales, et semblent au contraire en demande d’isolement des autres enfants. Il remarque aussi qu’ils ont tendance à répéter certaines syllabes (ce qu’on appelle une écholalie), et une détresse majeure en cas de changement dans leurs habitudes. Il nomme cette entité « autisme infantile précoce », qui deviendra au fil des décennies de recherche les « Troubles du spectre de l’autisme » (TSA) actuels.
A la suite de ces premières descriptions et de l’identification de ce
nouveau diagnostic, de nombreux psychiatres et scientifiques se penchèrent sur ce
trouble bien mystérieux, afin d’identifier ses symptômes et ses bases physiopathologiques.
Il est d’ores et déjà important de constater que dès son origine, l’autisme
infantile précoce n’est pas uniquement considéré comme un trouble des
interactions sociales. Même si ces difficultés peuvent être au premier plan,
Kanner, dès le début, a relevé de nombreux symptômes (comme l’adhésion
inflexible aux routines, les comportements répétitifs ou les intérêts
restreints) qui font encore aujourd’hui partie intégrante du diagnostic. Les
troubles du spectre de l’autisme ne se limitent pas aux difficultés sociales.
Dans sa description originelle, Kanner décrit aussi les perceptions toutes
particulières des enfants qu’il suit. Il remarque leur « incapacité à
percevoir leurs expériences comme un tout, sans une attention dirigée
totalement vers les détails la constituant ». Il rapproche cette
incapacité à « généraliser » aux habitudes inflexibles des enfants
avec autisme : si un seul élément est changé, alors l’ensemble de
l’expérience est différente et cela devient extrêmement déstabilisant.
Au contraire, les individus neurotypiques ont plutôt tendance à percevoir
les objets ou les expériences comme un tout cohérent, un phénomène que l’on
appelle « perceptual grouping », qui nous permet de prendre en compte
le contexte environnant. Ces notions, tant chez les personnes neurotypiques qu’avec
autisme, sont connues depuis longtemps. Elles ont permis l’émergence en 1989
d’une hypothèse originale permettant d’expliquer ce phénomène, le défaut de cohérence
centrale.
La notion de cohérence centrale des deux scientifiques londoniennes à
l’origine de cette théorie, Uta Frith et Francesca Happé, est relativement
proche du « perceptual grouping » décrit plus haut. Selon elles, nous
avons tendance à percevoir les stimuli et les informations qui nous arrivent
dans leur globalité, parfois même au détriment des détails qui les composent. Cette
capacité d’intégration de ces détails en un tout cohérent est permise, selon
Frith et Happé, par un processus cognitif qu’elles appellent la cohérence
centrale.
Mais les personnes avec autisme perçoivent ces informations différemment.
Elles peuvent être en difficulté pour extraire l’information globale de la
somme de détails qui composent ces informations. Ce focus sur les détails
plutôt que sur l’ensemble, sur l’information locale plus que globale, est
secondaire à un défaut de cohérence centrale dans l’autisme. Pour le dire
simplement, les personnes neurotypiques privilégieraient le global alors que
les personnes avec autisme seraient « bloquées » au niveau local.
L’élaboration de la théorie du défaut de cohérence centrale repose
principalement sur des expériences dans le domaine visuo-spatial. Par exemple,
les personnes avec autisme se montrent plus performantes et plus rapides que
les neurotypiques dans des tâches de figures emboîtées. Au cours de ces
expériences, on demande au sujet d’identifier des figures géométriques
dissimulées dans un dessin. La supériorité des personnes avec autisme peut se
comprendre grâce à la théorie de Frith et Happé : les neurotypiques ont
tendance à voir la figure dans sa globalité, et les détails qui la composent
donc moins saillant. Ils sont donc en difficulté pour identifier rapidement des
figures cachées. Au contraire, les personnes avec autisme, dont la perception
est biaisée vers les détails, sont favorisés dans cette tâche.
Le défaut de cohérence centrale permet aussi de comprendre que certaines
personnes avec autisme sont moins sensibles aux illusions visuelles. C’est par
exemple le cas de l’illusion de Titchener, au cours de laquelle l’un des 2
cercles centraux nous apparaît plus petit que l’autre, alors qu’ils ont
rigoureusement la même taille. Une étude de Happé a montré que les personnes
avec autisme étaient moins sensibles à cette illusion. Cependant, ces résultats
sont contestés par d’autres études portant sur cette même illusion, et qui ont
montré une absence de différence entre groupe témoins et TSA. Ces dernières
études montrent l’importance du contexte et de la formulation des questions dans les protocoles expérimentaux. En
effet, ils diffèrent des travaux de Happé car les chercheurs demandaient non
pas « quel est le plus grand cercle », mais de tracer un cercle de la
même taille -l’erreur systématique dans la taille du cercle tracé étant le
reflet de l’illusion. Les performances des personnes neurotypiques et autistes
étaient identiques, ils étaient donc sensibles de la même façon à l’illusion.
La figure de Navon (par exemple, un H constitué de petits S) est un autre
protocole expérimental qui aboutit à des résultats contrastés. Dans cette
expérience, on demande au sujet d’identifier le plus vite possible soit la
grande lettre, soit les petites lettres qui la composent. Chez les individus
neurotypiques, il existe une interférence entre la lettre globale et les petites
lettres, en fonction de la congruence (un grand H constitué de petits H) ou de
l’incongruence (un grand H constitué de petits S) de la figue : les sujets
sont plus lents pour identifier les petites lettres lorsque la grande n’est pas
congruente (dans notre exemple, lorsqu’on demande d’identifier les petits S lorsque la
grande figure est un H). En revanche, un tel phénomène n’existe pas lorsqu’on
demande d’identifier la grande lettre. Il existe donc une interférence
asymétrique, du global vers le local, un biais que l’on nomme l’avantage
global. Selon la théorie du défaut de cohérence centrale, on devrait observer
l’inverse chez les personnes avec autisme : leur perception accrue des
détails et leurs difficultés d’intégration devrait annuler l’avantage global.
Sauf que les preuves expérimentales sont loin de valider cette prédiction, et
aboutissent à des résultats contrastés.
Cette hétérogénéité concernant la figure de Navon peut s’expliquer par de
subtiles -mais capitales- différences méthodologiques. Dans certaines études,
il était demandé aux sujets avec TSA d’appuyer sur un bouton dès que la lettre
visée (le petit S ou le grand H) apparaissait sur un écran -qu’elle soit au
niveau local ou global. Cette tâche nécessite de diviser son attention entre
les 2 niveaux d’observation. En revanche, dans d’autres études -celles qui ne
retrouvaient pas d’interférence-, on demandait aux sujets de focaliser leur
attention sur un niveau particulier -local ou global. Dans l'un des protocole, on met donc en jeu des processus attentionnels supplémentaires, qui peuvent expliquer des résultats différents ! De plus, ces résultats montrent
que l’intégration des détails et la perception de la globalité est possible
chez les personnes avec autisme, qu’elle dépend du contexte et qu’elle est en
partie contrôlable. Ils montrent aussi qu’il semble exister un lien entre la
cohérence centrale et les fonctions exécutives -en premier lieu les processus
attentionnels.
La figure de Navon représente un test classique d'interférence entre la perception du tout (H) et des détails (S). Cependant, les résultats chez les personnes avec autisme sont contrastés. |
Ces résultats contradictoires ont poussé Happé et Frith à reformuler leur
théorie, à la modifier légèrement pour prendre en compte ces nouvelles données.
Près de 20 ans plus tard, elles publièrent une sorte de mise à jour, dans laquelle
nous pouvons noter 3 grandes évolutions. Tout d’abord, les scientifiques
n’envisagent plus désormais le défaut de cohérence centrale comme un déficit,
une incapacité d’extraire la globalité des détails, mais comme un style
cognitif, un biais perceptif graduel et en partie contrôlable. Le défaut de
cohérence centrale est désormais envisagé comme un déséquilibre dans la balance
local/global, qui contraste avec une vision beaucoup plus dichotomique
initialement. Dans les TSA, les perceptions « locales » auraient
plus de poids que les « globales », sans que cela n’implique que ces
dernières n’existent pas. Enfin, la dernière grande évolution concerne le lien
entre le défaut de cohérence centrale et les symptômes sociaux des TSA.
Initialement, la théorie du défaut de cohérence centrale avait comme
objectif d’expliquer l’ensemble de la symptomatologie autistique,
comportementale mais aussi sociale. Selon Frith et Happé, la capacité
d’intégrer de multiples informations en un tout cohérent est nécessaire pour
comprendre les situations sociales, par définition extrêmement complexes et
caractérisées par un nombre astronomiques de subtiles détails -que nous
traitons inconsciemment sans même nous en rendre compte. Ainsi, le défaut de
cohérence centrale pouvait expliquer les difficultés sociales des personnes
avec autisme. Par ailleurs, ces dernières semblent bien expliquées par un autre
champ théorique, que nous avons déjà évoqué sur ce blog. En effet, de nombreux
scientifiques pensent que l’autisme est caractérisé par un défaut de théorie de
l’esprit, la capacité d’inférer des états mentaux (pensées, émotions,
croyances) aux personnes qui nous entourent. La théorie de l’esprit semble bien
expliquer les difficultés sociales des personnes avec autisme (même si cela peut
être contesté), mais pas le reste de la symptomatologie. Mais contrairement à
ce que pensait initialement Frith et Happé, le défaut de cohérence centrale est
retrouvé à travers l’ensemble du spectre de l’autisme, indépendamment des
difficultés sociales. De plus, les performances dans ce domaine semblent
indépendantes des performances dans les tâches de théorie de l’esprit. Ainsi,
il est admis actuellement que la théorie du défaut de cohérence centrale ne
peut expliquer l’ensemble de la symptomatologie autistique, en particulier les
difficultés d’interactions sociales.
A l’instar de la théorie du déficit en théorie de l’esprit, il semble que
le défaut de cohérence centrale ne concerne pas tous les individus avec
autisme. Cela n’est pas si surprenant, prenant en compte l’extrême
hétérogénéité des personnes du spectre de l’autisme. Ce diagnostic, basé sur un
ensemble de critères comportementaux, regroupe des ensembles symptomatiques
très différents, dont l’origine reste encore aujourd’hui obscure, et il est
donc normal qu’une théorie cognitive n’explique pas a elle seule la
symptomatologie de l’ensemble des individus avec autisme. Le défaut de
cohérence centrale ne correspond donc qu’à une sous-population du spectre,
qu’il reste encore à caractériser avec précision.
De plus, il est admis aujourd’hui que le défaut de cohérence centrale ne
concerne pas seulement les personnes avec autisme. Un tel phénomène a été
retrouvé chez les personnes souffrant de schizophrénie, de dépression,
d’anorexie ou de divers syndromes génétiques. Alors qu’elle était initialement
avancée comme spécifique des TSA, la théorie de défaut de cohérence centrale
semble concerner un ensemble beaucoup plus vaste de patients, et même la
population neurotypique. En effet, la cohérence centrale est désormais perçue
comme un continuum, d’une perception majoritairement locale (où l’on retrouve
certaines personnes avec TSA) jusqu’à l’autre bout du spectre où l’on retrouve
une perception majoritairement globale.
Les corrélats cérébraux de la cohérence centrale restent encore aujourd’hui
mystérieux. Plusieurs études portant sur la connectivité cérébrale,
c’est-à-dire sur les connexions neuronales entre les différentes aires
cérébrales, et sur la façon dont elles s’échangent des informations, sont
intéressantes. De nombreux travaux ont montré un défaut de connectivité à
longue distance (sur les « grande autoroutes du cerveau »), qui
contraste avec une connectivité conservée ou augmenté sur les plus petits
faisceaux neuronaux, donc sur les connexions locales. Ainsi, les différentes
aires cérébrales auraient du mal à mettre en commun les informations
spécifiques qu’elles traitent, aboutissant au défaut de cohérence centrale. Ces
travaux semblent aller dans le sens de la théorie de Frith, mais ils sont
cependant contestés (en particulier car ils présentent des biais
méthodologiques) et d’autres études montrent exactement l’inverse.
La théorie du déficit de cohérence centrale a constitué un terreau fertile
et l’émergence de nouvelles théories cognitives de l’autisme, plus ou moins
apparentées et proches. Par exemple, la scientifique Kate Plaisted affirme que
le fonctionnement cognitif des personnes avec autisme est mieux caractérisé par
une capacité de généralisation réduite. Selon sa théorie, les personnes avec
autisme perçoivent mieux les détails, et donc mieux les différences, par
rapport aux similarités. Cette approche explique les capacités des personnes
avec autisme dont nous parlions plus haut, comme leurs performances au test des
figures emboîtée. Elle explique aussi pourquoi les individus avec autisme sont
plutôt doués pour identifier les différences, mais au contraire moins bons pour
les similitudes -ce qui nécessite une généralisation. Ce dernier phénomène se
retrouve quotidiennement dans la vie quotidienne des personnes avec autisme, qui ont des
difficultés pour généraliser un comportement appris dans un contexte
particulier : par exemple, prendre une douche à la maison ou dans un hôtel
peut nous paraître similaire, mais cela sera perçu comme radicalement différent
pour une personne avec autisme. Là où une personne neurotypique arrivera à
généraliser le fonctionnement de la douche, l’agencement d’une salle de bain,
la personne avec autisme ne verra que les différences -le bouton de la
douche doit être tourné dans l’autre sens, le jet du pommeau ne sera pas le
même, tout comme la disposition des meubles… Ainsi, plutôt qu’un défaut
d’intégration des détails en un tout cohérent, il s’agit pour Plaisted d’une
difficulté dans la généralisation, dans le moyennage d’informations similaires.
D’autres scientifiques comme Laurent Mottron, un psychiatre installé au
Québec, envisage les particularités perceptives de l’autisme comme une
difficulté de hiérarchisation. Selon lui, les personnes avec autisme seraient
capables de percevoir aussi bien les détails que les informations globales,
mais ils auraient des difficultés à privilégier le global par rapport au local
-donc à hiérarchiser ces 2 niveaux perceptifs.
Enfin, l’un des étudiants de Frith, devenu depuis l’un des grands noms de
la recherche sur l’autisme, Simon Baron-Cohen, a développé sa propre théorie,
dite de l’empathie-systématisation. Selon lui, l’autisme est caractérisé par 2
grands axes diagnostiques : d’une part, des capacités d’empathie faibles,
qui sont globalement à l’origine des symptômes de la sphère sociale, et d’autre
part des capacités de systémisation élevées, à l’origine des symptômes
comportementaux. La systémisation correspondant aux processus cognitifs
permettant de comprendre et construire un système logique, grâce à l’analyse
précise des entrées et des sorties de ce système -nous y consacrerons un
article dédié prochainement. La théorie de Baron-Cohen permet d’expliquer les
intérêts restreints des personnes avec TSA : leur objectif est de
découvrir l’ensemble des règles régissant le domaine d’intérêt pour le
maîtriser totalement. Elle peut aussi expliquer certains comportements
répétitifs : si un enfant avec autisme s’acharne à lancer des centaines de
fois une pièce de monnaie au sol, cela serait pour établir une loi du type
« si je lance la pièce d’une certaine manière, elle retombera toujours au
sol de cette façon ». Autrement dit, la compréhension d’une forme de
système élémentaire. La théorie de Baron-Cohen se rapproche de la théorie du
défaut de cohérence centrale car elle supporte un intérêt accru aux détails
-car c’est grâce à ces derniers que l’on peut déduire des règles générales et
donc comprendre un système. Cependant, l’hyper-systématisation s’oppose
radicalement au défaut de cohérence centrale sur l’intégration des détails en
un tout cohérent, difficile selon la théorie de Frith et au contraire
nécessaire à celle de Baron-Cohen. Cette dernière est loin de faire consensus
actuellement dans le milieu scientifique, nous aurons l’occasion de l’évoquer
sur ce blog.
Uta Frith (A), Simon Baron-Cohen (B) et Francesca Happé (C) sont 3 scientifiques majeurs qui ont élaboré plusieurs théories cognitives de l'autisme influentes. |
La théorie du défaut de cohérence centrale a beaucoup évolué depuis ses
premières conceptions, et reste aujourd’hui débattue dans les milieux
scientifiques. Cependant, et d’une façon loin d’être anecdotique, elle a permis
de penser l’autisme non pas comme un déficit -de théorie de l’esprit, de
fonction exécutive, d’empathie…- mais comme une spécificité dans le traitement
de l’information, pouvant avoir ses inconvénients mais aussi ses avantages.
Elle porte l’attention à la fois sur les symptômes, mais aussi sur les forces
et les talents des personnes avec autisme.
SOURCES :
- Rajendran, Gnanathusharan, and Peter Mitchell. "Cognitive theories of autism." Developmental review 27.2 (2007): 224-260.
- Happé F, Frith U. The weak coherence account: detail-focused cognitive style in autism spectrum disorders. J Autism Dev Disord. 2006 Jan;36(1):5-25. doi: 10.1007/s10803-005-0039-0. PMID: 16450045.
- Bojda A, Srebnicki T, Konowałek Ł, Bryńska A. Weak central coherence - construct conception, development, research methods. Psychiatr Pol. 2021 Dec 31;55(6):1373-1386. English, Polish. doi: 10.12740/PP/OnlineFirst/120931. Epub 2021 Dec 31. PMID: 35472233.
- Baron-Cohen, Simon, et al. "Talent in autism: hyper-systemizing, hyper-attention to detail and sensory hypersensitivity." Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences 364.1522 (2009): 1377-1383.
- Berche, Patrick. "Les sortilèges du cerveau" Flammarion (2015)
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